L’équipe rue est née, il y a 17 ans, d’un désir simple, de ne plus passer devant les personnes qui vivent dans la rue sans les regarder.

Une évidence soutenait cette démarche : nous partageons la même humanité. Nous portons en chacun de nous, des fêlures et des richesses, de la douleur et de la tendresse. Mais nous ne sommes pas nés égaux. Si certains ont eu la chance dès leur enfance, ou plus tard grâce à des rencontres, de porter en eux les bases solides qui leur permettent de tenir debout, d’autres se sont effondrés faute d’appuis nécessaires.

Pour témoigner de notre commune humanité, dans un monde où il est tellement plus confortable de regarder les autres de haut, de nous donner l’illusion que nous méritons la position qui est la nôtre, nous avons choisi d’aller dans la rue les mains nues.
Les mains nues, cela signifie que nous refusons d’être dans la position de celui qui donne face à quelqu’un qui ne peut que recevoir notre aumône. Les mains nues, c’est ne donner ni argent, ni soupe, ni sandwich, ni conseil, ni religion… D’autres le font et c’est heureux. Travailleurs sociaux et associations caritatives font un travail exemplaire sur le terrain. Notre démarche veut simplement signifier notre égale dignité et notre commun besoin d’être aimés sans conditions.

Nous avons l’ambition de tisser des liens d’amitié, de fraternité, de vivre un partage avec les personnes qui vivent dans la rue.
Au fil des ans des liens forts se sont noués.

Concrètement, nous allons régulièrement dans la rue, à deux ou trois maximum, dans ce que nous appelons les tournées rues. Nous suivons un itinéraire, toujours un peu le même, car nous ne cherchons pas à rencontrer tous les sans-abris de la ville, mais à être fidèles à ceux que nous connaissons. Au cours de ces tournées, nous parlons, nous écoutons, nous rions… tout simplement. Ces rencontres nous ont conduits sur des chemins que nous n’avions pas prévus : des fêtes, des balades en forêt ou à la mer, la réalisation d’un film, d’une expo photo…

Notre équipe est composée de gens ordinaires : étudiants, retraités, actifs, chômeurs, bien-portants, malades… Des gens ordinaires qui ne veulent se résoudre à passer devant leurs frères dans la rue, sans un regard.